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EHPAD : Korian : « Le modèle des Ehpads est fortement questionné »

Jean-Michel Bezat

Le groupe privé, spécialisé dans la gestion d’établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, a annoncé sa volonté d’adopter le statut « d’entreprise à mission ». Une décision qui survient, alors que les pratiques de son rival Orpea sont dans le viseur de l’opinion, note Jean-Michel Bezat, journaliste économique au « Monde ». 

Aujourd’hui à 10h01.Lecture 2 min.

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Dans un Ehpad à Thise (Doubs), le 16 avril 2020. SEBASTIEN BOZON / AFP

L’exercice était délicat pour Korian. Comment présenter de bons résultats 2021, alors que les pratiques de son concurrent Orpea, révélées par le livre enquête Les Fossoyeurs (Fayard, 400 pages, 22,90 euros), de Victor Castanet, a mis le secteur des maisons de retraite dans le collimateur de l’opinion et les pouvoirs publics censés les contrôler, dans l’embarras ? En assortissant leur publication d’une annonce : l’adoption, en 2023, du statut d’« entreprise à mission », à l’instar de Danone, de la MAIF ou du Crédit mutuel.

Le numéro un européen des Ehpad a enregistré une augmentation de 80 % de son bénéfice net, surtout due aux moindres effets de la crise due au Covid-19. Il a atteint 117,3 millions d’euros (contre 64,9 millions en 2020), pour un chiffre d’affaires de 4,3 milliards (+ 11%). Pour l’heure, cette crise n’a « pas d’impact sur le taux d’occupation » des résidences, assure Philippe Garin, son directeur financier. Le groupe a aussi mis en avant « un effort soutenu en faveur des collaborateurs », illustré par « la progression continue de la part des salaires dans le chiffre d’affaires », qui atteint 59 % (contre 52 % en 2016).

La grande affaire du moment reste l’annonce du nouveau statut. Les dirigeants de Korian assurent que le choix de l’entreprise à mission – « veiller au bien-être des personnes âgées et fragiles » – n’est pas une décision de circonstance, mais le fruit d’une réflexion de deux ans. Le groupe, qui projette de moderniser 80 % de ses 300 établissements français d’ici à 2025, avait déjà créé un « conseil des parties prenantes » composé de personnes extérieures. Il va désormais se doter d’un comité, indépendant du conseil d’administration, chargé de veiller à ce que tout soit mis en œuvre pour respecter cet engagement. Tout dépendra des ambitions de Korian et de la rigueur des personnalités retenues.

L’entreprise note que « le modèle des Ehpad est fortement questionné ». C’est peu dire. Il l’est autant par les familles que par la Bourse : le cours d’Orpea a plongé de 55 % depuis un mois, celui de Korian, d’un tiers. Les profits de l’entreprise et le bien-être des résidents ne sont pas antinomiques, a plaidé Sophie Boissard, directrice générale de Korian, lors de son audition à l’Assemblée nationale, le 16 février. Elle devra convaincre lors d’un rendez-vous plus périlleux : mardi 1er mars, elle répondra en direct aux questions d’Elise Lucet après la diffusion par France 2, dans « Cash Investigation », d’une enquête sévère sur son groupe. Mais l’enjeu dépasse les cas de Korian et d’Orpea. C’est l’attractivité des métiers du grand âge et le financement de la dépendance qu’il faut remettre sur le métier.

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Cette entrée a été publiée le 25 février 2022 par dans ANTISOCIAL, DROITS HUMAINS, EPHAD, ETAT POLICIER, FRANCE, L'OR GRIS.
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