Publié le 18/06/2022 à 11h00
Dr Agathe Lechevalier, présidente du regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants (Reagjir). © Philippe Abline
Le syndicat Reagjir (Regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants) a organisé ses dixièmes rencontres nationale, jeudi 17 et vendredi 18 juin, à Orléans.
Le syndicat Reagjir (Regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants), lors de ses dixièmes rencontres nationales organisées à Orléans (pour la deuxième année consécutive), a atteint la participation record de 170 inscrits sur les deux jours. Formation, moral des soignants… Le point avec le Dr Agathe Lechevalier, présidente du syndicat.
Pourquoi avoir choisi, cette année, la formation continue comme thème principal de vos rencontres ?
Des formations continues sont proposées aux médecins généralistes libéraux, qui sont rémunérés pendant ces formations puisqu’ils ne sont pas dans leur cabinet. C’est financé par des cotisations. Jusqu’en octobre 2021, les médecins remplaçants pouvaient aussi en bénéficier. Mais ce n’est plus le cas et les formations sont d’un coût tel qu’il est rédhibitoire pour eux. Nous estimons que les médecins remplaçants ne doivent pas être moins compétents que ceux qui sont installés.
Orléans-Zagreb : « On pense que c’est surtout un signal de détresse qui a été lancé »
Sur le plan de la formation, la nouveauté, dans le Loiret est l’ouverture d’une faculté de médecine à Orléans. Que pensez-vous de cette ouverture ?
Il y a un manque criant d’accès aux soins dans cette région, donc on comprend l’intérêt d’avoir un centre de formation universitaire à Orléans. Mais la qualité de formation doit y être aussi bonne que dans les autres.
Avez-vous entendu parler du dispositif mis en place à Orléans avec l’université de Zagreb ?
Oui. On pense que c’est surtout un signal de détresse qui a été lancé. Ce n’est pas quelque chose qui correspond à ce qui se fait actuellement en France, de par son coût. Sur le plan de l’égalité des chances et de la qualité de la formation, ce n’est pas forcément équitable. Le CHRU (centre hospitalier régional universitaire) est plus approprié.
Vous allez d’ailleurs parler des internes en médecine…
Une enquête sur l’état psychologique des internes en médecine montre des résultats catastrophiques. Nous souhaitons aussi le développement de stages dans les cabinets de généralistes.
Liberté d’installation et autres mesures
Que pensez-vous de la quatrième année d’internat, qui serait imposée aux généralistes ?
On a l’impression que ça va se faire mais il faut que ce soit profitable pour l’étudiant. Et pas pour qu’il soit tout seul dans un cabinet. Il va falloir aussi réfléchir à la protection sociale du jeune médecin. Comment est-il couvert en cas d’arrêt maladie ou de congés maternité, par exemple ?
Nous, jeunes médecins généralistes, nous avons l’impression d’avoir la tête sous l’eau.
La démographie médicale inquiète, qu’en dites-vous ?
Les projections concernant la démographie médicale montrent que le nombre de médecins va encore baisser pendant cinq ans et qu’il faudra dix ans pour retrouver le niveau actuel. Des mesures coercitives apparaissent dans les programmes mais nous pensons qu’elles seraient contre-productives. Il faut plutôt apprendre à se passer des médecins. Par des mesures simples de prévention et en faisant appel aux autres professions de santé pour une partie de notre activité : kinés, orthophonistes, infirmiers de pratique avancée…
Il n’y a pas si longtemps, les médecins y étaient opposés…
On ne peut plus se permettre d’avoir de guerres de clocher. Nous, jeunes médecins généralistes, nous avons l’impression d’avoir la tête sous l’eau, ensemble on y arrivera mieux.
Une étude alarmante sur le moral des internes
Mathilde Renker, présidente de l’intersyndicale des internes en médecine générale (ISNAR-IMG), a évoqué la situation des internes en médecine lors des rencontres nationales de Reagjir. Une étude montre que 75 % d’entre eux présentent des symptômes anxieux pathologiques, ils sont 25 % à avoir connu un épisode dépressif caractérisé et 19 % ont eu des idées suicidaires les 12 derniers mois. Il est aussi dénoncé les dépassements d’horaires (70 % travaillent plus de 48 heures par semaine pendant leurs stages) et des cas de maltraitance par les encadrants.
La Coordination nationale d’accompagnement des étudiants en santé a ouvert une plateforme d’écoute au 0.800.724.900.
Propos recueillis par Philippe Abline