Le directeur général de la police nationale (DGPN) Frédéric Veaux aurait décidé mardi 20 décembre de suspendre à titre conservatoire le policier de Blois (Loir-et-Cher) qui n’a pas pris la plainte de la victime, toujours dans un état grave.
Plus d’une semaine après l’agression à Blois (Loir-et-Cher) d’une jeune femme de 24 ans par son ex, le directeur général de la police nationale Frédéric Veaux a décidé, mardi 20 décembre 2022, de suspendre à titre conservatoire le policier du commissariat ayant refusé de prendre sa plainte quelques heures auparavant.
Cette décision intervient après l’audition, mardi, du policier par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) dans le cadre d’une enquête administrative. L’IGPN avait été saisie vendredi à la demande du préfet du Loir-et-Cher « afin de connaître précisément les conditions dans lesquelles la victime avait été, peu de temps avant les faits, accueillie au commissariat de Blois et invitée à se représenter le lendemain ».
La jeune femme est, elle, toujours dans un état critique, a indiqué mardi la procureure de Blois Charlotte Beluet. Son ex-compagnon de 27 ans, très défavorablement connu des services de police notamment pour des faits de violence, a été interpellé jeudi 15 décembre dans les Yvelines.
Il a reconnu lors de sa garde à vue avoir donné plusieurs coups de pied « d’écrasement » dans la tête de la victime mais a « contesté avoir eu l’intention de tuer son ancienne compagne ». Il a été placé en détention provisoire dans le cadre d’une information judiciaire pour tentative de meurtre.
L’émotion reste vive à Blois, où un rassemblement a eu lieu mardi après-midi devant le commissariat, à l’initiative du collectif Droits des femmes 41.
Les faits : Mardi 13 décembre 2022, vers 19 h, les policiers de Blois sont intervenus suite à une alerte venant d’un témoin, expliquant avoir vu une jeune femme vigoureusement traînée à l’intérieur d’un immeuble, situé rue Croix-Boissée à Blois.
Sur place, les forces de l’ordre ont découvert une jeune femme âgée de 24 ans, inconsciente et grièvement blessée au niveau de la tête, l’homme ayant pris la fuite. La victime a été transportée au centre hospitalier de Tours.
Placée dans le coma, elle a subi un examen médico-légal réalisé le lendemain. Celui-ci a révélé « un traumatisme cranio-facial grave, avec des lésions hémorragiques cérébrales majeures » selon le communiqué établi par la procureure de la République de Blois, Charlotte Beluet. Une incapacité totale de travail de 120 jours, sous réserve de l’évolution neurologique incertaine, a été alors fixée. Le pronostic vital était engagé et en tout état de cause, le pronostic neurologique sombre.
Les auditions de l’entourage de la victime ont vite permis d’orienter les investigations vers son ancien compagnon. Leur relation avait débuté en août 2022 et la jeune femme venait de décider d’y mettre un terme. Elle avait fait part de faits de violence, de menace et de harcèlement. Elle avait notamment changé de téléphone à compter du 9 décembre pour mettre fin aux agissements de son ancien compagnon et elle avait récemment subi un avortement. Elle avait préparé un dossier afin de déposer plainte ; d’ailleurs le jour des faits, vers 17 h, elle s’était présentée à l’accueil du commissariat de police de Blois et avait été invitée à se représenter le lendemain.
Son ancien compagnon, âgé de 27 ans, défavorablement connu de la justice notamment pour des infractions à la législation sur les stupéfiants et pour des faits de violences, a été interpellé le 14 décembre 2022 à 6 h 30 à Plaisir (Yvelines), par l’antenne du service de police judiciaire de Tours, et
immédiatement placé en garde à vue.
Lors de ses auditions, il a indiqué qu’il voulait avoir des explications, notamment sur la rupture, la perte de l’enfant et la publication d’une photo sur les réseaux sociaux. Il a reconnu avoir violemment tiré en arrière son ancienne compagne vers le hall d’entrée, la faisant tomber au sol, puis lui avoir donné plusieurs coups de pied d’écrasement dans la tête.
« Il a notamment déclaré qu’à la suite de la rupture et l’avortement décidés par celle-ci, il était « dans
l’esprit tu m’as fait du mal je te fais du mal » et que « foutu pour foutu », il avait « vrillé ». Il a contesté avoir eu l’intention de tuer son ancienne compagne », poursuit le communiqué.
Il a été déféré ce vendredi 16 décembre 2022 par le parquet de Blois, dans le cadre d’une information judiciaire ouverte du chef de tentative de meurtre par une personne ayant été le concubin de la victime, cette qualification pénale étant susceptible d’évoluer.
Il a été placé en détention provisoire. La jeune femme, elle, est toujours entre la vie et la mort.