Après l’annonce de la fermeture de son usine, prévue en avril 2023, le personnel de NGK Spark Plugs, fabricant de bougies d’allumage implanté à Meung-sur-Loire, encaisse le choc. Ses délégués demandent des mesures d’accompagnement correctes et alertent sur les risques pesant sur d’autres entreprises du secteur automobile.
« Nous essayons d’apaiser les salariés. Sinon, l’usine serait déjà à l’arrêt », souffle Jérémy Guillon, trésorier du comité social et économique (CSE) de NGK Spark Plugs, fabricant de bougies d’allumage installé dans le parc d’activités Synergie, à Meung-sur-Loire.
Mardi 10 janvier, NGK Spark Plugs France a présenté auprès de son comité social et économique un projet de cessation des activités de son usine implantée à Meung-sur-Loire, qui fabrique des bougies d’allumage. L’entreprise est victime, entre autres, de la guerre en Ukraine et d’une industrie automobile en pleine mutation.
Les salariés de NGK Spark Plugs (*), implantée à Meung-sur-Loire depuis 1991, le redoutaient. En octobre, déjà, dans les colonnes de La Rep’, ils exprimaient leurs inquiétudes pour leur usine qui produit des bougies d’allumage. Avant les vacances de Noël, « nos chefs nous conseillaient de mettre à jour nos CV », raconte l’un d’entre eux. Ils avaient malheureusement raison.
L’entreprise a engagé, hier, un processus d’information-consultation auprès de son comité social et économique (CSE). Elle a présenté un projet de cessation des activités de son site loirétain, « qui pourrait se traduire par une fermeture », indique-t-elle.
NGK Spark Plugs fait face à de graves difficultés depuis des mois. Leurs causes ? En premier lieu, la guerre en Ukraine déclenchée par la Russie en février 2022. Celle-ci a « entraîné l’interdiction des exportations de bougies d’allumage destinées à l’industrie automobile en Russie, qui représentaient 40 % des activités de l’usine de Meung-sur-Loire », détaille la société.
NGK Spark Plugs est la filiale française du groupe NGK Spark Plug, dont le siège social est basé à Nagoya, au Japon. Avec 16.100 salariés, il génère un chiffre d’affaires annuel de 3,8 milliards d’euros à l’échelle internationale.
Un coup dur dans un contexte déjà pénible. Citons la mutation de l’industrie automobile avec, notamment, la fin de la vente des voitures thermiques prévue en 2035, mais aussi l’inflation et les perturbations en matière d’approvisionnement énergétique.
NGK Spark Plugs France affirme avoir « tout mis en œuvre pour assurer la pérennité du site de Meung et des emplois qui en dépendent. Malheureusement, les solutions alternatives étudiées ne suffiraient pas à redresser la situation. »
« Nous examinons toutes les possibilités qui pourraient permettre au site de poursuivre son activité », précise l’entreprise, qui a fait appel à un cabinet spécialisé pour rechercher « un partenaire ou un repreneur stratégique » :
« Au cours des prochains mois, la priorité de l’entreprise sera de trouver des solutions adéquates pour chacun de ses soixante-dix-sept salariés qui pourraient être affectés par le projet, en privilégiant les possibilités de reclassement externe dans le même bassin d’emploi. »
NGK Spark Plugs proposera aux instances représentatives du personnel « la mise en œuvre d’un plan d’accompagnement qui comprendra des mesures de soutien personnalisées pour chaque salarié », assure-t-elle.
D’après la maire de Meung-sur-Loire, Pauline Martin, qui a rencontré la direction de l’usine, hier, « NGK n’espère pas seulement une reprise bâtimentaire mais une reprise du site de production, même s’il doit être transformé pour telle ou telle industrie. Son idéal étant un projet de reprise valorisant les compétences des salariés. »
Le calendrier des prochains mois reste flou. Une nouvelle réunion avec les délégués du personnel devrait se dérouler, lundi. Pour le moment, ces derniers ne souhaitent pas communiquer sur le sujet. La direction de NGK, elle, estime que « la conclusion du processus d’ensemble n’aura pas lieu avant trois ou quatre mois ».
En attendant, l’usine magdunoise tourne toujours au ralenti. Dans notre article publié en octobre, nous citions un courriel de Bruno Temps, son directeur. « Les salaires de base, primes ancienneté et assiduité sont maintenues, mais pas les primes liées aux horaires d’équipes », écrivait-il. D’après NGK, cette situation est toujours d’actualité.
Pauline Martin, maire de Meung-sur-Loire, parle d’ »un sentiment de désolation, d’autant que NGK était l’une des premières entreprises à s’installer dans le parc d’activités Synergie Val de Loire ». Elle salue « l’approche humaine » de sa direction et « sa démarche correcte. C’est la première société, confrontée à de telles difficultés, qui prend le temps de rencontrer les élus locaux au même moment que l’annonce à ses collaborateurs. À nous de travailler avec les salariés et l’entreprise pour que les choses se passent au mieux », explique l’élue, qui a tenté de rassurer le personnel, avec qui elle s’est entretenue il y a quelques semaines : « Il y a des emplois au sein de Synergie. »