À Roanne, elle avait collé des messages hostiles aux violences faites aux femmes sur des murs ou la vitrine d’un commerce fermé. La municipalité lui demande de payer.
« La lutte contre les violences faites aux femmes, grande cause nationale… sauf à Roanne?? » Telle est la question posée par le collectif des colleuses dans un courrier adressé au maire et au procureur de la ville ligérienne.
La raison de leur courroux : une facture de nettoyage de 1.070 euros exactement adressée à l’une d’entre elles pour des collages « visant à interpeller le public sur l’effroyable banalité des féminicides et à soutenir les victimes de violences conjugales ». Ceux-ci avaient été effectués récemment sur un mur de la rue Jean-Puy, un autre d’un local désaffecté, et la vitrine d’un commerce fermé (ex-Camaïeu).
« Cette criminalisation d’un collage par un maire serait une première en France. »
LE COLLECTIF DES COLLEUSES DE ROANNE
Peut-on les considérer comme de réelles dégradations?? Clairement oui, selon la municipalité. Évidemment non, d’après les colleuses et leurs soutiens.
Ceux-ci évoquent là des affichages « éphémères » qui doivent disparaître avec le temps
Et positionnés à des endroits censés ne déranger personne. Les membres du collectif des colleuses de Roanne dénoncent des « poursuites excessives et rétrogrades, […] des attaques directes contre un mode d’action politique et citoyen ».
Dans les faits, Edmond Bourgeon, adjoint en charge de la sécurité, de la tranquillité et de la santé publique, a convoqué « pour enquête » la colleuse incriminée. Celle-ci a été retrouvée via les caméras de « vidéo-protection » installées dans la ville, qui ont permis d’identifier le numéro de la plaque d’immatriculation de la voiture conduite par l’auteure de ces faits.
Le véhicule appartenant à son mari, les deux membres du couple se sont ainsi rendus à cette convocation. À la suite de laquelle « une sanction financière de 1.070 euros » pour nettoyage, donc, leur a été présentée. « Ou, à défaut, possiblement, jusqu’à 60 heures de travail non rémunéré, équivalent du travail d’intérêt général. »
Quelle curieuse conception de la paix publique à Roanne que celle qui consisterait à vouloir bâillonner la parole de femmes voulant protéger d’autres femmes?!
De quoi inciter le collectif des colleuses à interroger Yves Nicolin (maire Les Républicains de Roanne) et Abdelkrim Grini (procureur de la République). « Ne pensez-vous pas, leur écrit-il, que madame est victime d’un excès de zèle incompréhensible?? Le but assumé des collages féministes vise à lever le secret et la honte qui pèsent sur les femmes victimes de violences. »
Pierre-François Chetail
Manifestation de soutien jeudi.
Ce 9 février, à 18 heures, un rassemblement de soutien aux colleuses est programmé devant la mairie de Roanne. Celui-ci se déroulera donc juste avant le conseil municipal programmé à 18?h?30. L’occasion d’interpeller les élus, même si Edmond Bourgeon par exemple n’envisage pas forcément de discuter avec les manifestantes et manifestants.