Ils réclament une « application stricte de la loi », ciblant notamment les véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC) et autres Uber : des taxis se font entendre depuis le petit matin devant la gare d’Orléans, ce mardi 25 avril.
Une centaine de taxis manifestent ce mardi 25 avril, depuis 8 heures, aux abords de la gare d’Orléans, à grands renforts de pétards et de torches lumineuses.
Certains sont venus de la région (Châteauroux, Chartres, Tours…) mais d’autres ont même fait le déplacement de Paris, de Normandie ou de Montpellier.
Les manifestants revendiquent « l’arrêt de la distribution abusive de cartes de VTC, l’augmentation des contrôles et l’application stricte de la loi. » Ils dénoncent aussi « la plate-forme Uber, largement aidée et avantagée. »
h « Aujourd’hui, tout est fait pour privilégier les VTC. Les taxis doivent posséder une licence et une autorisation de stationnement, alors que pour les VTC, une carte professionnelle suffit. Les taxis sont attachés à un périmètre pour exercer, les VTC peuvent aller partout. Un taxi n’a qu’un seul chauffeur, dans un VTC il peut y avoir jusqu’à trois personnes différentes au volant dans une même journée. Pourtant, les VTC enfreignent souvent les règles qui sont les leurs. Mais lorsque les forces de l’ordre les verbalisent, ils font appel au Conseil d’État qui leur donne raison. Pourquoi ? Pourquoi sont-ils aussi aidés ? », questionne Freddy Vanuxem, président des taxis radio de la ville d’Orléans, organisation à l’origine de cette mobilisation.
Ainsi, les taxis d’Orléans craignent que, comme dans d’autres villes, ils ne disparaissent peu à peu au profit des VTC. « Par exemple, ils n’ont pas le droit d’attendre des clients à des endroits stratégiques. Ils doivent attendre chez eux qu’on les appelle pour une course, explique Eddine, taxi de nuit à Orléans. À la sortie des boites de nuit par exemple… Mais ils le font tout le temps. Si on ne se mobilise pas, on se fait bouffer. Alors on leur dit. Et ça ne leur plaît pas. Des collègues ont été menacés. Il y en a même un, qui par peur, a décidé de quitter le métier… »
Gérôme Lassale est le président de l’association européenne Elite taxis en France. Il est venu de Basse-Normandie pour soutenir ses collègues orléanais. « Il faut qu’on soit nombreux pour peser face à quelque chose qui est beaucoup plus puissant que nous », explique-t-il. Il évoque l’affaire des « Uber Files » : « Une enquête parlementaire est en cours. Le président de cette enquête refuse d’interroger certaines personnes, pourquoi ? »
Alban, taxi à Montpellier, est là aussi. Ce mardi matin, au du rond-point de la gare, bloqué par les manifestants, il fait la circulation et discute avec les automobilistes. Dont certains, qui commencent à s’énerver : « Les gens, je leur explique que je me bats pour ma famille, pour mes enfants. Aujourd’hui, on ne s’en sort plus. Il y a une réglementation, il faut la respecter ! »
Dans cette concurrence « déloyale » et « étouffante » que tous dénoncent, il y a aussi la question des tarifs pratiqués. « Jusqu’à maintenant, les VTC étaient aux mêmes prix que les taxis. Mais depuis un mois, Uber France propose des promotions avec des courses à 10 euros, indique Freddy Vanuxem. Mais ce n’est pas le vrai prix, la société est obligée de compenser les courses à ses chauffeurs. Uber, dont les activités ne sont pas installées sur le territoire national, ne paie pas d’impôts en France, alors que nous, on cotise… Et pourtant, la préfecture leur distribue des cartes professionnelles à foison, dans le Loiret. »
Isidore est venu de Montpellier, « avec Alexandre, un collègue de Narbonne. On a été prévenus il y a trois semaines, et on a décidé de venir. Tous les taxis devraient être solidaires. On dénonce les lacunes du système. Nous, on est artisans, on cotise. Les VTC, eux, ne paient pas d’impôts, mais qui va payer pour les écoles, les hôpitaux, les routes, s’il n’y a pas les impôts ? »
Afin d’obtenir des réponses, une délégation de chauffeurs de taxis devait être reçue à la préfecture vers 10 heures, ce mardi. La manifestation dans le quartier de la gare devait quant à elle se poursuivre jusqu’à 14 heures.
Les chauffeurs de taxi demandent notamment le respect de la loi Grandguillaume, qui s’applique depuis le 1er janvier 2018, et qui avait pour but de mettre fin au détournement du statut LOTI, conçu pour du transport collectif. La loi Grandguillaume devait notamment permettre d’intensifier les contrôles pour garantir le respect des règles par les chauffeurs, les employeurs, et les plateformes
En savoir plus sur le site du ministère de l’écologie.
Maude Milekovic La république du Centre