Prévue au même moment, la manifestation des pompiers à Paris s’est déroulée dans une ambiance tendue avec les forces de l’ordre. La Préfecture de police de Paris a rapidement déploré que certains manifestants « portent leur casque et leur tenue de feu », contrairement à des « engagements » pris par les syndicats avant le défilé. « Vu ce que l’on a vécu le 15 octobre à Paris [la manifestation s’était terminée par des heurts avec la police], les gars ont préféré venir en se protégeant, explique William Moreau, secrétaire général de l’UNSA-SDIS dans les Yvelines, quelques minutes après avoir quitté la manifestation. Ce qui ne veut pas dire s’en prendre aux forces de l’ordre, avec qui nous avons d’ailleurs discuté tout au long du parcours, sauf lors de quelques gazages en tête de cortège. » Evoquant des « manifestants violents prenant à partie les forces de l’ordre », la Préfecture de police a fait état de deux interpellations.
La revalorisation de la prime de feu constituait une revendication centrale du mouvement des « pompiers en colère », débuté dans de nombreux services départementaux d’incendie et de secours (SDIS) dès le mois de juin 2019 – les pompiers volontaires, moins regroupés syndicalement, ainsi que les pompiers de Paris et de Marseille, au statut de militaires, sont quasiment absents des cortèges. « C’est une avancée significative, mais pas majeure, qui a surtout une forte valeur symbolique », souligne Sébastien Delavoux, représentant CGT-SDIS. Les pompiers professionnels demandaient depuis plusieurs mois que la dangerosité de leur métier soit reconnue au même titre que celle des policiers et des gendarmes.
Les pompiers professionnels étant majoritairement financés par les collectivités territoriales, les même représentants restent prudents sur la portée des annonces. « On ne veut pas d’une application différenciée, entre un département riche qui accepterait d’augmenter la prime de feu et un département pauvre qui ne le ferait pas », souligne Sébastien Delavoux.
Peu évoquée lors de la rencontre de mardi, l’évolution du régime des retraites des pompiers professionnels reste l’enjeu central des discussions entre les partenaires sociaux et le gouvernement. Les sapeurs-pompiers bénéficient aujourd’hui d’une annuité supplémentaire tous les cinq ans de carrière correspondant à la prise en compte de la dangerosité de leur métier.
Si une dérogation inscrite dans le projet de loi leur assurerait une ouverture des droits possible dès 57 ans dans le système à points, certains représentants s’inquiètent d’une baisse des pensions au moment du départ à la retraite. « Aujourd’hui, personne est capable de nous dire que la majoration prévue recouvre entièrement la perte anticipée des pensions », affirme Sébastien Delavoux.
Membre de l’intersyndicale, la CGT-SDIS a annoncé, mardi soir, continuer la mobilisation au sein du préavis fédéral de la section services publics du syndicat, dirigé contre la réforme des retraites. Sur Facebook, l’organisation accompagne son annonce d’un cours commentaire : « les slogans changent, pas la lutte ».