Une véritable marée humaine a déferlé dans les rues du centre-ville de Chisinau, ce dimanche 6 décembre 2020. REUTERS – VLADISLAV CULIOMZA
Le 15 novembre, Maia Sandu devenait la première femme élue présidente de Moldavie, une république post-soviétique entre la Roumanie et l’Ukraine. Elle dispose d’un fort mandat populaire, mais elle se heurte déjà à de sérieux blocages politiques. Ce vendredi 4 décembre, le Parlement a fait passer une série de lois controversées qu’elle dénonce comme une « usurpation du pouvoir ».
« La situation est grave. J’ai besoin de vous pour préserver les libertés en Moldavie. » Maia Sandu n’est pas encore investie présidente qu’elle a déjà appelé le peuple à partir en croisade. Le 4 décembre, le Parlement dans lequel son parti est minoritaire a retiré le contrôle des services secrets de l’institution présidentielle pour le transférer aux parlementaires.
L’initiative est clairement dirigée contre Maia Sandu. Elle s’inscrit dans une manœuvre globale pour réduire les prérogatives de la nouvelle élue. Dans une atmosphère électrique, les députés ont aussi voté à main levée, au mépris des règlements de la chambre, pour adopter plusieurs lois controversées, notamment pour conférer un statut spécial à la langue russe.
Des dizaines de milliers de manifestants
Manifestement, l’appel à la mobilisation de la nouvelle présidente a été entendu. Ce dimanche, des dizaines de milliers de manifestants se sont rassemblés à Chisinau, la capitale, pour réclamer la démission du gouvernement et la dissolution du Parlement.
Portant des masques sanitaires, ces derniers scandaient « Démission », « Élections anticipées » ou encore « À bas les voleurs, à bas la corruption ».
Corruption systémique
Le conflit entre le Parlement et la présidente prend des tons géopolitiques dans ce pays charnière entre l’Est et l’Ouest. Il est avant tout l’expression d’une classe politique discréditée pour sa corruption systémique, déterminée à empêcher les réformes radicales promises par Maia Sandu. C’est pour elle un premier test crucial : la réponse qu’elle apportera à cette crise donnera la tonalité de ses quatre ans de mandat.