NPA Loiret

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1920, le congrès de Tours et la naissance du PCF : scission entre réformistes ou moment révolutionnaire ?

Manon Boltansky

Contrairement à la postérité symbolique de la date du Congrès de Tours de 1920 dans l’imaginaire des militants politiques et syndicaux, les débats politiques et stratégiques qui l’ont constitué restent relativement absents de notre formation historique et méconnus au sein de l’extrême gauche (en dehors du Parti communiste évidemment plus familier de cet héritage). C’est pourtant un moment capital où de nombreux débats ont lieu dans le contexte de la vague révolutionnaire qui a suivi la Première Guerre mondiale.

Sans doute aveuglés par la multiplication des expériences et des crises révolutionnaires en Europe, et particulièrement autour de la Révolution russe de 1917, le congrès de Tours a pu ainsi passer inaperçu dans cette période si riche. Il a pu même parfois être considéré comme se résumant simplement à la conséquence attendue d’une situation historique déjà tranchée par les évènements. L’enjeu a pu ainsi être balayé, selon divers courants du mouvement ouvrier, par l’idée que ce congrès n’était qu’une scission entre différents courants réformistes, sans leçons théoriques pour les révolutionnaires, ou bien encore qu’elle fut la première preuve d’une révolution russe autoritaire et bureaucratisée par essence. Ou bien encore, passé au filtre de l’optimisme volontaire de notre courant politique : se pourrait-il que ce congrès soit le dernier moment révolutionnaire de la jeune IIIe Internationale, dans la perspective de la construction d’un parti mondial pour la révolution ?

La Deuxième Internationale

La Deuxième Internationale s’était constituée en 1889, dans une phase de croissance sans précédent de la classe ouvrière. Une croissance à la fois numérique, dans le cadre du développement du capitalisme européen et occidental dans la période dite de révolution industrielle, avec le développement de concentrations ouvrières de plus en plus importantes, mais également une évolution qualitative de la conscience de classe autour d’un essor politique et organisationnel sans précédent. Le SPD (Parti social-démocrate) allemand, un parti de plusieurs centaines de milliers de membres, reste à cette époque le modèle de construction pour la Deuxième Internationale. Il jouit par ailleurs d’une aura importante car il apparait dans le reste du mouvement ouvrier international comme le parti de masse héritier direct de Marx et Engels. Il est déterminant dans la conception d’une Deuxième Internationale très marquée par la question des nations et le poids et l’autonomie respective des partis nationaux. Bref, elle est essentiellement à cette époque une fédération d’organisations assez peu structurée et centralisée. Elle va cependant être heurtée de plein fouet par deux évènements majeurs : 1914 et le début de la guerre, puis en 1917 par l’explosion de la révolution russe.

Août 1914 : la faillite de la Deuxième internationale et le vote des crédits de guerre

L’assassinat de Jaurès le 31 juillet 1914 marque symboliquement la défaite du courant du mouvement ouvrier opposé à la guerre impérialiste. Les résolutions socialistes, pourtant votées et discutés les années précédentes1, sont rapidement oubliées et balayées dans le vote des crédits de guerre.

Ho Chi Minh au Congrès de Tours

Il y eu certes, à la veille de la guerre, de manifestations puissantes de travailleurs organisées pour s’y opposer dans les principales puissances mais qui furent, avec le renfort d’une partie importante des dirigeants du mouvement ouvrier socialiste et syndical, rapidement contenues. Dès juillet 1914, des socialistes entraient au gouvernement et participaient à envoyer des millions d’ouvriers à la mort dans la boucherie que fut la Première Guerre mondiale. Cette tendance menée entre autres par Léon Blum et Guesde aura jeté les masses ouvrières dans l’impasse mortifère de l’unité patriotique, de « l’Union sacrée ». La CGT également, même si elle ne rentre pas au gouvernement et à l’exception d’une petite minorité, finit également par se rallier à l’union sacrée.

Cette trahison a évidemment des conséquences durables et profondes sur le mouvement ouvrier européen et ses organisations. Déjà car une large partie du prolétariat est décimée dans ce massacre, mais également car le prolétariat ressort idéologiquement désarmé par les idées nationalistes de défense de son propre impérialisme et d’alliance au service de sa propre bourgeoisie. Pourtant, une minorité des militants socialistes (dite « minorité de guerre » dans la Section française de l’Internationale ouvrière) et même plusieurs tendances du mouvement ouvrier tentent de creuser une brèche dans le consensus chauvin. Les opposants à la guerre s’organisent ainsi à une échelle internationale, notamment autour de la conférence de Zimmerwald.2 Ils se retrouveront également au sein des débats du congrès de Tours autour des tendances dites « internationalistes ».

Fondation de la IIIe Internationale : la nécessité d’une internationale pour la révolution prolétarienne

L’année 1919 voit le congrès de fondation de la IIIe Internationale ou Internationale Communiste (IC). Celle-ci est fondée, à la différence des Première et Deuxième, sous l’impulsion de la révolution d’Octobre 1917, sur une base théorique très délimitée ; c’est-à-dire pour diriger les luttes révolutionnaires3. Elle tient ses quatre premiers congrès en mars 1919, juillet 1920, juin 1921 et novembre 1922, dans une période de vague révolutionnaire qui traverse l’Europe. Période qui commence avec la prise du pouvoir par les bolcheviks en 1917 et la mise en place d’un État ouvrier en Russie. L’Allemagne connait une première crise révolutionnaire en 1918, puis en 1919 autour du soulèvement spartakiste, l’Italie voit la mise en place du premier conseil ouvrier à Turin en septembre 1919, puis d’un mouvement d’occupation des usines dans le nord du pays à l’été 19204. Une révolution éclate également en Hongrie, cette même année… En France, une grève générale commence autour de la grève historique des cheminots de février-mars 1920 mais qui sera elle aussi mise en échec en mai (en partie à cause de la trahison d’une partie de la direction de la CGT).

La révolution de 1917, l’existence de l’IC et leurs conséquences dans le mouvement ouvrier international, sont ainsi évidemment au centre des débats du congrès de Tours qui s’ouvre en France en 1920. Même si toutes ses tendances saluent la révolution russe le débat se focalise autour de savoir si celle-ci peut être considérée comme un modèle reproductible, notamment quant à ma construction du parti révolutionnaire bolchevik d’un point de vue organisationnel et programmatique.

Début du congrès de Tours : du 25 au 30 décembre 1920

Au nom de la SFIO, Marcel Cachin et Louis-Oscar Frossard s’étaient rendus à Moscou en juin et juillet 1920 pour assister au congrès de l’IC. L’une des principales décisions du Congrès est la définition des « conditions d’admission des Partis dans l’Internationale communiste », un document passé à la postérité comme « les 21 conditions » : contrôle de la presse du parti, des élus, élimination des réformistes et des centristes des postes de responsabilité, propagande au sein de l’armée, soutien aux luttes des colonisés, création de fractions communistes dans les syndicats, épuration périodique du parti, caractère obligatoire des décisions de l’Internationale, etc. Les conditions vont au-delà de la définition d’un programme révolutionnaire mais avancent sur le type d’organisation à construire. Leur objectif est sans ambiguïté : provoquer la scission entre le courant réformiste – ou « centriste » – et révolutionnaire car, comme l’affirme le préambule des 21 conditions, « l’Internationale communiste est menacée de l’envahissement de groupes indécis et hésitants qui n’ont pas encore pu rompre avec l’idéologie de la 2e Internationale ». L’adhésion ou non à ces conditions et donc à l’IC sont ainsi ensuite au centre des débats du congrès de Tours.

Plusieurs tendances s’y affrontent autour de ces débats. Sont présents d’un côté les réformistes de gouvernement (autour de Marcel Sembat ou Blum) qu’on appelle « les majoritaires de guerre » mais qui sont également identifiés comme la « résistance à l’adhésion » à l’IC. La fraction « Cachin-Frossard », revenant de Moscou, défend « la résolution présentée par le Comité de la 3e Internationale et par la fraction Cachin-Frossard » qui propose l’adhésion aux « 21 conditions ». À côté de cela, existe également une fraction centriste appelée « centre reconstructeur » autour de Jean Longuet et Paul Faure, favorables en principe à l’adhésion mais plus que réservés sur « les conditions ». Enfin, la tendance dite de gauche est très peu présente dans les débats car nombre de ses dirigeants sont à ce moment en prison, suite à la défaite et la répression féroce de la grève des cheminots de 1920. Le spectre de Zinoviev et de l’Internationale Communiste flotte sur l’ensemble des débats, et Clara Zetkin (elle-même en fuite car recherchée par toutes les polices d’Europe) ouvre le congrès par un discours très chaleureusement applaudi.

L’issue du Congrès est connue dès le début. Elle est déjà scellée par les votes des militants dans les sections locales et ce congrès enregistre ainsi une large majorité pour l’adhésion, avec pour conséquence également déjà connue la scission, dont seule l’ampleur reste l’enjeu des débats du congrès.

Les conséquences du Congrès de Tours

Le congrès de Tours scelle la trahison et l’échec de la stratégie réformiste au sein du mouvement ouvrier. En effet, la question de la guerre concentrait tragiquement de nombreux problèmes politiques stratégiques autour du rapport de la classe ouvrière avec les autres classes, mais également du parti ouvrier avec l’État et le gouvernement. De l’autre côté, il entérine la fondation du Parti communiste (PC-SFIC, Parti communiste – section française de l’Internationale communiste, avant de devenir Parti communiste français en 1943) mais également sa subordination presque totale à la politique de l’Internationale communiste. Comme évoquée précédemment, de longs débats existent au sein du mouvement ouvrier actuel afin de déterminer si « le ver (du stalinisme) était déjà dans le fruit (de la 3e Internationale) » lors du congrès de Tours. De fait, les 21 conditions, qui sont les « conditions d’admission des Partis dans l’Internationale communiste » imposées par le parti russe relèvent d’une forme d’autoritarisme qui peut paraitre aujourd’hui choquant, particulièrement en ce qui concernent la démocratie interne du parti. Mais ces conditions sont à replacer dans le contexte politique des années 20.

Dans une période de crise révolutionnaire profonde, partout en Europe, et au lendemain de la prise du pouvoir par les bolcheviks en Russie en 1917, les militants révolutionnaires se posent la question de construire un parti international qui soit un outil pour la révolution mondiale : ce sera l’Internationale Communiste. Pour sauver la jeune révolution russe, ils ont besoin que celle-ci s’étende, au-delà de leurs frontières, jusque dans le cœur du capitalisme (France, Allemagne…). Ils en ont besoin également afin d’inverser un processus de bureaucratisation initié par la situation de dénuement et d’isolement de la Russie face aux grandes puissances impérialistes frontalières.

Le Congrès de Tours et la fondation du PC incarnent la tentative par les révolutionnaires de se saisir à la fois de la responsabilité que fait peser sur la classe ouvrière cette crise majeure du capitalisme, mais également l’opportunité sans précédent que cette période ouvrait. Il est, en un sens, l’un de ces « courts moments révolutionnaires » (comme l’a nommé Julien Chuzeville) dont nous nous revendiquons encore aujourd’hui au NPA. Une voix et un projet aussi révolutionnaires que démocratiques, antistaliniens, comme continuèrent de le porter Léon Trotsky et « l’opposition de gauche » contre la bureaucratisation du tout jeune État ouvrier d’URSS. Un projet qui reste pour nous toujours autant d’actualité, sinon plus dans cette période de crise profonde du capitalisme ! Certes, un moment et une perspective révolutionnaire rapidement confisquée par la bureaucratie stalinienne qui eut vite fait de s’ériger en rempart contre les révoltes et révolutions populaires de ce siècle. Celle-ci précipita les égarements nationalistes qui avaient pourtant déjà mené à la scission du congrès de Tours. Cette fois encore « nous avons gagné le droit précieux de recommencer »5 mais non sans avoir pu essayer de tirer les bilans des échecs et des apports de cette période fondamentale du mouvement ouvrier. Ce dossier en est une tentative modeste

Revue L’Anticapitaliste n°121 (décembre 2020)

Conditions d’admission des partis dans l’Internationale communiste

IIIe Internationale

Le premier Congrès constituant de l’Internationale communiste n’a pas élaboré les conditions précises de l’admission des Partis dans la IIIe Internationale. Au moment où eut lieu son premier Congrès, il n’y avait dans la plupart des pays que des tendances et des groupes communistes.

Le deuxième Congrès de l’Internationale communiste se réunit dans de tout autres conditions. Dans la plupart des pays il y a désormais, au lieu des tendances et des groupes, des partis et des organisations communistes.

De plus en plus souvent, des partis et des groupes qui, récemment encore, appartenaient à la IIe Internationale et qui voudraient maintenant adhérer à l’Internationale communiste s’adressent à elle, sans pour cela être devenus véritablement communistes. La IIe Internationale est irrémédiablement défaite. Les Partis intermédiaires et les groupes du « centre » voyant leur situation désespérée, s’efforcent de s’appuyer sur l’Internationale communiste, tous les jours plus forte, en espérant conserver cependant une « autonomie » qui leur permettrait de poursuivre leur ancienne politique opportuniste ou « centriste ». L’Internationale communiste est, d’une certaine façon, à la mode.

Le désir de certains groupes dirigeants du « centre » d’adhérer à la III° Internationale nous confirme indirectement que l’Internationale communiste a conquis les sympathies de la grande majorité des travailleurs conscients du monde entier et constitue une puissance qui croît de jour en jour.

L’Internationale communiste est menacée de l’envahissement de groupes indécis et hésitants qui n’ont pas encore pu rompre avec l’idéologie de la II° Internationale.

En outre, certains partis importants (italien, suédois), dont la majorité se place au point de vue communiste, conservent encore en leur sein de nombreux éléments réformistes et social-pacifistes qui n’attendent que l’occasion pour relever la tête, saboter activement la révolution prolétarienne, en venant ainsi en aide à la bourgeoisie et à la IIe Internationale.

Aucun communiste ne doit oublier les leçons de la République des soviets hongroise. L’union des communistes hongrois avec les réformistes a coûté cher au prolétariat hongrois.

C’est pourquoi le 2e Congrès international croit devoir fixer de façon tout à fait précise les conditions d’admission des nouveaux partis et indiquer par la même occasion aux partis déjà affiliés les obligations qui leur incombent.

Le 2e Congrès de l’Internationale communiste décide que les conditions d’admission dans l’Internationale sont les suivantes :

1. La propagande et l’agitation quotidiennes doivent avoir un caractère effectivement communiste et se conformer au programme et aux décisions de la IIIe Internationale. Tous les organes de la presse du Parti doivent être rédigés par des communistes sûrs, ayant prouvé leur dévouement à la cause du prolétariat. Il ne convient pas de parler de dictature prolétarienne comme d’une formule apprise et courante ; la propagande doit être faite de manière à ce que la nécessité en ressorte pour tout travailleur, pour toute ouvrière, pour tout soldat, pour tout paysan, des faits mêmes de la vie quotidienne, systématiquement notés par notre presse. La presse périodique ou autre et tous les services d’éditions doivent être entièrement soumis au Comité Central du Parti, que ce dernier soit légal ou illégal. Il est inadmissible que les organes de publicité mésusent de l’autonomie pour mener une politique non conforme à celle du Parti. Dans les colonnes de la presse, dans les réunions publiques, dans les syndicats, dans les coopératives, partout où les partisans de la IIIe Internationale auront accès, ils auront à flétrir systématiquement et impitoyablement non seulement la bourgeoisie, mais aussi ses complices, réformistes de toutes nuances.

2. Toute organisation désireuse d’adhérer à l’Internationale communiste doit régulièrement et systématiquement écarter des postes impliquant tant soit peu de responsabilité dans le mouvement ouvrier (organisations de Parti, rédactions, syndicats, fractions parlementaires, coopératives, municipalités) les réformistes et les «  centristes » et les remplacer par des communistes éprouvés, sans craindre d’avoir à remplacer, surtout au début, des militants expérimentés, par des travailleurs sortis du rang.

3. Dans presque tous les pays de l’Europe et de l’Amérique la lutte de classes entre dans la période de guerre civile. Les communistes ne peuvent, dans ces conditions, se fier à la légalité bourgeoise. Il est de leur devoir de créer partout, parallèlement à l’organisation légale, un organisme clandestin, capable de remplir au moment décisif, son devoir envers la révolution. Dans tous les pays où, par suite de l’état de siège ou de lois d’exception, les communistes n’ont pas la possibilité de développer légalement toute leur action, la concomitance de l’action légale et de l’action illégale est indubitablement nécessaire.

4. Le devoir de propager les idées communistes implique la nécessité absolue de mener une propagande et une agitation systématique et persévérante parmi les troupes. Là, où la propagande ouverte est difficile par suite de lois d’exception, elle doit être menée illégalement ; s’y refuser serait une trahison à l’égard du devoir révolutionnaire et par conséquent incompatible avec l’affiliation à la IIIe internationale.

5. Une agitation rationnelle et systématique dans les campagnes est nécessaire. La classe ouvrière ne peut vaincre si elle n’est pas soutenue tout au moins par une partie des travailleurs des campagnes (journaliers agricoles et paysans les plus pauvres) et si elle n’a pas neutralisé par sa politique tout au moins une partie de la campagne arriérée. L’action communiste dans les campagnes acquiert en ce moment une importance capitale. Elle doit être principalement le fait des ouvriers communistes en contact avec la campagne. Se refuser à l’accomplir ou la confier à des demi-réformistes douteux c’est renoncer à la révolution prolétarienne.

6. Tout Parti désireux d’appartenir à la IIIe Internationale, a pour devoir de dénoncer autant que le social-patriotisme avoué le social-pacifisme hypocrite et faux ; il s’agit de démontrer systématiquement aux travailleurs que, sans le renversement révolutionnaire du capitalisme, nul tribunal arbitral international, nul débat sur la réduction des armements, nulle réorganisation « démocratique » de la Ligue des Nations ne peuvent préserver l’humanité des guerres impérialistes.

7. Les Partis désireux d’appartenir à l’Internationale communiste ont pour devoir de reconnaître la nécessité d’une rupture complète et définitive avec le réformisme et la politique du centre et de préconiser cette rupture parmi les membres des organisations. L’action communiste conséquente n’est possible qu’à ce prix.

L’Internationale communiste exige impérativement et sans discussion cette rupture qui doit être consommée dans le plus bref délai. L’Internationale communiste ne peut admettre que des réformistes avérés, tels que Turati, Kautsky, Hilferding, Longuet, Mac Donald, Modigliani et autres, aient le droit de se considérer comme des membres de la IIIe Internationale, et qu’ils y soient représentés. Un pareil état de choses ferait ressembler par trop la IIIe Internationale à la IIe.

8. Dans la question des colonies et des nationalités opprimées, les Partis des pays dont la bourgeoisie possède des colonies ou opprime des nations, doivent avoir une ligne de conduite particulièrement claire et nette. Tout Parti appartenant à la IIIe Internationale a pour devoir de dévoiler impitoyablement les prouesses de « ses » impérialistes aux colonies, de soutenir, non en paroles mais en faits, tout mouvement d’émancipation dans les colonies, d’exiger l’expulsion des colonies des impérialistes de la métropole, de nourrir au cœur des travailleurs du pays des sentiments véritablement fraternels vis-à-vis de la population laborieuse des colonies et des nationalités opprimées et d’entretenir parmi les troupes de la métropole une agitation continue contre toute oppression des peuples coloniaux.

9. Tout Parti désireux d’appartenir à l’Internationale communiste doit poursuivre une propagande persévérante et systématique au sein des syndicats, coopératives et autres organisations des masses ouvrières. Des noyaux communistes doivent être formés, dont le travail opiniâtre et constant conquerra les syndicats au communisme. Leur devoir sera de révéler à tout instant la trahison des social-patriotes et les hésitations du « centre ». Ces noyaux communistes doivent être complètement subordonnés à l’ensemble du Parti.

10. Tout Parti appartenant à l’Internationale communiste a pour devoir de combattre avec énergie et ténacité l’« Internationale » des syndicats jaunes fondée à Amsterdam. Il doit répandre avec ténacité au sein des syndicats ouvriers l’idée de la nécessité de la rupture avec l’Internationale Jaune d’Amsterdam. Il doit par contre concourir de tout son pouvoir à l’union internationale des syndicats rouges adhérant à l’Internationale communiste.

11. Les Partis désireux d’appartenir à l’Internationale communiste ont pour devoir de réviser la composition de leurs fractions parlementaires, d’en écarter les éléments douteux, de les soumettre, non en paroles mais en faits, au Comité Central du Parti, d’exiger de tout député communiste la subordination de toute son activité aux intérêts véritables de la propagande révolutionnaire et de l’agitation.

12. Les Partis appartenant à l’Internationale communiste doivent être édifiés sur le principe de la centralisation démocratique. A l’époque actuelle de guerre civile acharnée, le Parti communiste ne pourra remplir son rôle que s’il est organisé de la façon la plus centralisée, si une discipline de fer confinant à la discipline militaire y est admise et si son organisme central est muni de larges pouvoirs, exerce une autorité incontestée, bénéficie de la confiance unanime des militants.

13. Les Partis communistes des pays où les communistes militent légalement doivent procéder à des épurations périodiques de leurs organisations, afin d’en écarter les éléments intéressés et petit-bourgeois.

14. Les Partis désireux d’appartenir à l’Internationale communiste doivent soutenir sans réserves toutes les républiques soviétiques dans leurs luttes avec la contre-révolution. Ils doivent préconiser inlassablement le refus des travailleurs de transporter les munitions et les équipements destinés aux ennemis des républiques soviétiques, et poursuivre, soit légalement soit illégalement, la propagande parmi les troupes envoyées contre les républiques soviétiques.

15. Les Partis qui conservent jusqu’à ce jour les anciens programmes social-démocrates ont pour devoir de les réviser sans retard et d’élaborer un nouveau programme communiste adapté aux conditions spéciales de leur pays et conçu dans l’esprit de l’Internationale communiste. Il est de règle que les programmes des Partis affiliés à l’Internationale communiste soient confirmés par le Congrès International ou par le Comité Exécutif. Au cas où ce dernier refuserait sa sanction à un Parti, celui-ci aurait le droit d’en appeler au Congrès de l’Internationale communiste.

16. Toutes les décisions des Congrès de l’Internationale communiste, de même que celles du Comité Exécutif, sont obligatoires pour tous les Partis affiliés à l’Internationale communiste. Agissant en période de guerre civile acharnée, l’Internationale communiste et son Comité Exécutif doivent tenir compte des conditions de lutte si variées dans les différents pays et n’adopter de résolutions générales et obligatoires que dans les questions où elles sont possibles.

17. Conformément à tout ce qui précède, tous les Partis adhérant à l’Internationale communiste doivent modifier leur appellation. Tout Parti désireux d’adhérer à l’Internationale communiste doit s’intituler Parti communiste de… (section de la IIIe Internationale communiste). Cette question d’appellation n’est pas une simple formalité ; elle a aussi une importance politique considérable. L’Internationale communiste a déclaré une guerre sans merci au vieux monde bourgeois tout entier et à tous les vieux Partis social-démocrates jaunes. Il importe que la différence entre les Partis communistes et les vieux Partis « social-démocrates » ou « socialistes » officiels qui ont vendu le drapeau de la classe ouvrière soit plus nette aux yeux de tout travailleur.

18. Tous les organes dirigeants de la presse des Partis de tous les pays sont obligés d’imprimer tous les documents officiels importants du Comité Exécutif de l’Internationale communiste.

19. Tous les Partis appartenant à l’Internationale communiste ou sollicitant leur adhésion sont obligés de convoquer (aussi vite que possible), dans un délai de 4 mois après le 2e Congrès de l’Internationale communiste, au plus tard, un Congrès extraordinaire afin de se prononcer sur ces conditions. Les Comités Centraux doivent veiller à ce que les décisions du 2e Congrès de l’Internationale communiste soient connues de toutes les organisations locales.

20. Les Partis qui voudraient maintenant adhérer à la IIIe Internationale, mais qui n’ont pas encore modifié radicalement leur ancienne tactique, doivent préalablement veiller à ce que les 2/3 des membres de leur Comité Central et des Institutions centrales les plus importantes soient composés de camarades, qui déjà avant le 2e Congrès s’étaient ouvertement prononcés pour l’adhésion du Parti à la IIIe Internationale. Des exceptions peuvent être faites avec l’approbation du Comité Exécutif de l’Internationale communiste. Le Comité Exécutif se réserve le droit de faire des exceptions pour les représentants de la tendance centriste mentionnés dans le paragraphe 7.

21. Les adhérents au Parti qui rejettent les conditions et les thèses établies par l’Internationale communiste doivent être exclus du Parti. Il en est de même des délégués au Congrès extraordinaire.

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Cette entrée a été publiée le 17 décembre 2020 par dans COMEMORATION, COMMUNISME, DEVOIR DE MEMOIRE, FRANCE, PCF.
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