L’émission qui rassemble en moyenne 8 millions de voyeurs n’a été retenue cette année que parce que des racistes s’en sont pris à une « dauphine » ayant un parent israélien ! Les Editocrates n’ont rien dit pour ce « centième anniversaire » de ce « salon de l’agriculture » où la bourgeoisie continue de traiter les femmes comme des vachettes ! Comble « d’ironie » ce « salon » se tenait sur les terres de Philippe de Villiers le noble Chouan …Tout un symbole de l’émancipation des femmes !
Depuis l’ère #MeToo, le concours Miss France, fondé en 1920 et diffusé samedi à la télé, est de plus en plus contesté pour tous les stéréotypes de genre qu’il véhicule.
Trente jeunes femmes, une lauréate. Un spectacle faisant la part belle aux stéréotypes sexistes et de plus en plus contesté, à l’ère de #MeToo, par les associations, à l’image d’Osez le féminisme ! et de sa porte-parole, Céline Piques.
Pourquoi dénoncez-vous un concours « sexiste, ringard et misogyne » ?
Céline Piques L’émission reste très regardée, avec 8 millions de téléspectateurs. Une bonne raison pour attirer l’attention sur les stéréotypes dangereux qu’elle véhicule. Le concours Miss France participe à fabriquer et à entretenir une représentation sexiste de la société. Il ne correspond pas aux aspirations des femmes d’aujourd’hui, qui espèrent se réaliser autrement que par leur physique. Ce concours propage des idéaux de beauté irréalistes. Aujourd’hui, 73 % des femmes en France se trouvent trop grosses. Elles développent des complexes, se trouvent moches et n’en finissent pas avec des régimes inatteignables. L’émission prescrit des codes physiques stricts qui peuvent être destructeurs. Ils dévalorisent l’image que les femmes ont d’elles-mêmes. Il faut dénoncer aussi le règlement du concours, qui impose aux jeunes femmes de ne pas avoir posé auparavant dénudée, ne pas être mariée ou avoir un enfant. Il faut être « un modèle de vertu ».
Vous avez aussi recueilli des témoignages de violences et d’agressions sexuelles subies par des candidates…
Céline Piques Iris Mittenaere, Miss France et Miss Univers 2016, a raconté en novembre à Programmetv.net comment elle a été victime de gestes déplacés de certains maires de village. Mains sur les fesses, blagues très limites ont ponctué son quotidien. Elle confirme ce triste constat : quand on est Miss France on devient rapidement un objet. On observe la même chose pour les hôtesses des podiums du Tour de France, réduites à un rôle de potiche. Présentées comme des objets, elles sont traitées de la sorte. Ce type de sexisme participe aux violences. Ce n’est pas anodin : il y a un continuum entre culture sexiste et culture du viol. Les réseaux sociaux amplifient le phénomène. Le hashtag Miss France sur Twitter regorge de propos sexistes et racistes, de remarques dégradantes et humiliantes. Une vraie violence, souvent sous couvert d’humour. Et Twitter ne fait rien pour l’empêcher.
Des chercheuses expliquent aussi que ces concours peuvent être un outil d’ascension sociale. Qu’en pensez-vous ?
Céline Piques On sait par la sociologue Camille Couvry et sa thèse sur les élections de Miss en Normandie que beaucoup viennent de milieux populaires et qu’elles investissent le concours comme moyen d’émancipation, pour « gagner en pouvoir ». Osez le féminisme ! ne dénonce pas les personnes. Loin de nous l’idée d’attaquer les candidates ou leurs motivations. Certaines d’entre elles ont même déclaré : « On peut être Miss et féministe. » Pourquoi pas. Nous, nous dénonçons le concours et la représentation de la femme qu’il véhicule. Quand un homme représente la France, c’est un ambassadeur. Une ambassadrice, elle, c’est une Miss France ! Il faut en finir avec tous ces stéréotypes.
Les organisateurs font des concessions en dédiant le show à la cause contre les violences faites aux femmes. Mais toujours plus de voix s’élèvent contre ce concours…
Céline Piques Il y a une réelle prise de conscience. Les femmes en ont marre d’être jugées sur leur physique. Quant à l’émission, elle veut se donner bonne conscience avec ses messages pour la cause des femmes. Elle fait du féminisme-washing comme Total peut faire du greenwashing. Personne n’est dupe. Deux ans après MeToo, ce genre de programme n’a plus lieu d’être sur une chaîne de télévision.
Enora Malagré a partagé sa colère contre l’élection de Miss France dans ses stories Instagram, ce samedi 19 décembre. Elle a commenté : « Depuis 100 ans ce concours misogyne distille dans la tête de nos petites filles que la femme est valorisée par son physique. La femme potiche, qui doit bien ‘se comporter’. » Elle a également évoqué une expérience qui l’a, semble-t-il, traumatisée : « J’ai encore entendu des hommes hier dire dans la rue : ‘Elle est dégueulasse la Bretagne. Par contre la Bourgogne est bonne.« , avant d’aller encore plus loin : « Combien de temps va encore durer ce concours archaïque, idiot et sexiste ? »
Pour Céline Piques, interviewée par Sonia Ghobri, le fait que le jury soit féminin ne change rien au caractère sexiste du concours.
Elle fait le rapprochement avec les rédactrices des magazines féminins, qui sont souvent des femmes mais qui « reproduisent les stéréotypes patriarcaux qui imposent aux femmes de se réduire à être belles. Ça objectifie les femmes et ça les rabaisse ».
Un « concours sexiste » et « ringard »
« Le concours met en concurrence des femmes sur trois critères : la jeunesse, la minceur, la beauté, explique Céline Piques, porte parole d’Osez le féminisme. Or, tous ces codes normatifs font qu’une majorité de femmes aujourd’hui se trouvent moches, font des régimes, pour répondre à des normes inatteignables. Les femmes qui voient cette image se trouvent non conformes » C’est un concours sexiste qui ne représente pas les aspirations des femmes d’aujourd’hui qui espèrent se réaliser autrement que par leur physique.
Selon Céline Piques, TF1 tente en réalité de maintenir un programme qui est amené un jour à disparaître en raison de son sexisme. Elle espère que TF1 arrêtera ce concours « rabaissant, sexiste et enfermant pour les femmes ».
Année après année, le sacre de Miss France reste un programme phare de TF1 : l’an dernier, 7,4 millions de téléspectateurs ont regardé l’émission, soit 37,1% de part d’audience, avec un pic à 8,8 millions lors du couronnement. MORBIDE !