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ALGÉRIE : Ils ont pris le 22 février le relais des marches du hirak de lundi : Les étudiants réinvestissent la rue

La feuille de route initiée par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, ne semble pas convaincre les hirakistes de déserter la «rue» pour intégrer le processus politique en cours, comme les invitent à le faire ceux qui, au sein de la classe politique, ont décidé d’y adhérer.

Des milliers de personnes sont sorties à travers plusieurs wilayas du pays, à l’occasion du deuxième anniversaire du hirak, défiant ainsi les pronostics de ceux qui avaient parié sur sa fin. Même si cette journée du 22 février a coïncidé avec un jour «ouvrable», et non un vendredi, il n’en demeure pas moins que les foules étaient là. Il est fort probable, à cet effet, que les Algériens vont reprendre leurs marches hebdomadaires dès ce vendredi.

La feuille de route initiée par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, ne semble pas à cet effet convaincre les hirakistes de déserter la «rue» pour intégrer le processus politique en cours, comme les invitent à le faire ceux qui, au sein de la classe politique, ont décidé d’y adhérer.

La mobilisation qu’a connue cette journée du lundi, après bien entendu les manifestations de Kherrata et Khenchela, est dans la droite ligne de la défection populaire, qui a marqué le référendum sur la Constitution du 1er novembre dernier, lequel a enregistré un taux de participation historiquement bas de 23,7%. Un «score» qui avait déjà, au moment des faits, poussé plus d’un à suggérer au chef de l’Etat de revoir sa stratégie.

Or, la feuille de route a été maintenue et Tebboune a décidé, dès son retour d’Allemagne, d’accélérer l’organisation des élections législatives, en dissolvant l’Assemblée populaire nationale (APN), ce qui a été officialisé le 21 février, donc à un jour de ce deuxième anniversaire du hirak.

Des «mesures» (en plus de la dissolution de l’APN, le Président avait également gracié de détenus d’opinion) qui n’ont pas empêché les Algériens de sortir en masse ce 22 février pour exprimer, toujours, leur rejet du «système» et, par conséquent, de la feuille de route du Président.

Tebboune va-t-il quand même maintenir son cap au risque de voir la même défection enregistrée lors du référendum se reproduire ? Ce qui ne ferait inéluctablement qu’amplifier le sentiment de rejet chez les hirakistes.

«Le pouvoir doit prendre acte de l’échec de sa feuille de route et amorcer en urgence un nouveau processus démocratique authentique en faveur de la satisfaction de la revendication du hirak : le changement démocratique et apaisé du système», a déclaré, à cet effet, Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH).

Et d’ajouter : «Continuer à vouloir imposer son agenda contre la volonté du peuple, c’est exposer le pays à des risques certains d’instabilité et de délitement. Le pays est au bord de l’ingouvernabilité tant les institutions souffrent encore de carences en légitimité démocratique.» C’est cette «légitimité» bien entendu que le chef de l’Etat tente d’asseoir via sa feuille de route.

Ce qui ne semble pas, jusque-là, avoir grand effet sur le hirak. D’autant plus que le discours «officiel» ne cesse, ces dernières semaines, d’évoquer des «complots» et «mains étrangères», lorsqu’il est fait référence au hirak, rappelant, jusqu’à une certaine mesure, les éléments de langage adoptés par l’ancien chef d’état-major de l’ANP, dans une entreprise visant certainement à dissuader les Algériens de reprendre la «rue».

Un procédé qui alimente beaucoup plus le «ressentiment» à l’égard du pouvoir que de contribuer à apaiser le climat.

Une «campagne» adossée à des champs, politique et médiatique, toujours fermés, où ceux qui s’opposent au processus politique en cours n’ont pas droit de cité.

Et c’est cette fermeture aussi qui annihile toute volonté allant dans le sens de l’émergence d’une «nouvelle» classe politique crédible, ou de la mise en branle de dynamiques existantes et «reconnues» dans le hirak qui puissent être une passerelle pouvant contribuer au règlement de la crise. La feuille de route actuelle sera-t-elle ainsi maintenue si la pression de la rue augmente dans les semaines à venir ?

Pour l’heure, rien n’indique que le pouvoir en place est disposé à y apporter le moindre changement. Mais rien n’est à écarter.

Devant une situation socioéconomique qui se dégrade de jour en jour, avec les risques d’explosion sociale que cela engendre, il y va de l’intérêt de tous de rechercher un consensus pour enclencher un processus apaisé, visant à solutionner une crise qui dure maintenant depuis deux ans.

La marche des étudiants empêchée PLUSIEURS MANIFESTANTS ONT ÉTÉ ARRÊTÉS PAR LA POLICE

© Billel Zehani/Liberté


Tôt dans la matinée d’hier, l’impressionnant dispositif sécuritaire déployé sur Alger présageait une journée mouvementée pour les étudiants qui ont été nombreux, la veille, à appeler à la marche. 

Ils avaient déjà participé à la marche du 22 février pour marquer le deuxième anniversaire du Hirak, mais ils tenaient à ressortir le mardi pour rappeler que les étudiants ont constitué une part indéniable de cette révolution pacifique et ont payé un lourd tribut fait d’interpellations et d’emprisonnements.

Vers 11h30, au niveau du TNA d’où devait s’ébranler la marche, la police a encerclé le premier groupe d’étudiants qui a donné le top départ de la marche, les empêchant, ainsi, d’avancer. 

Une autre vague d’étudiants a entamé sa manifestation depuis la place Émir-Abdelkader appuyée, cette fois, par de nombreux citoyens qui sont venus leur prêter main-forte. Et là, un rempart de deux rangs de policiers n’a pas hésité à charger les étudiants, et ainsi, réprimer la marche avec violence. 

Le premier cordon leur barrait le chemin menant vers  la Grande-Poste et le second les empêchait d’atteindre l’avenue Pasteur pour rejoindre la Fac centrale. Les étudiants ont, malgré tout, réussi à passer entre les mailles du filet pour rejoindre la place Audin en scandant à tue-tête : “Daoula madania, machi âaskaria” (un État civil et non militaire) ou encore “Istiqlal, Istiqlal” (Indépendance). 

Mais c’était sans compter sur l’acharnement des éléments de la police qui ont même eu recours à la BRI. Vers 14h, un groupe d’étudiants a tenté de rejoindre la Grande-Poste et la Fac centrale. En vain. La police s’est acharnée sur eux à coups de matraque tout en les poursuivant jusqu’à Tafourah. “Rien n’a changé, le comportement de la police est toujours le même.

Je me souviens encore que lorsque nous marchions les vendredis, il ne se passait rien, mais les mardis, c’est comme si l’Algérie avait changé de visage…”, nous déclare cet étudiant qui, sans achever sa phrase, prend ses jambes à son cou se voyant poursuivi par la police. 

Coups de matraque, insultes et interpellations ont été le lot des étudiants qui ont tenté de résister, mais ont fini par se disperser.
 

Nabila SAÏDOUN

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Cette entrée a été publiée le 24 février 2021 par dans ALGERIE, DEMOCRATIE, MANIFESTATIONS.
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