Des milliers de personnes se sont mobilisées dimanche à Paris, Lyon, Marseille, Montpellier, Toulouse, Orléans ou encore Bastia pour défendre les droits des femmes, à la veille de la journée qui leur est consacrée.
« Quand les femmes s’arrêtent, tout s’arrête ! », a lancé l’une des organisatrices de la manifestation parisienne, qui a rassemblé près de 300 personnes place de la République à l’appel du collectif « On Arrête Toutes ».
Cette année, le 8 mars, date de la Journée internationale des droits des femmes, « se tient dans un contexte de pandémie très mal gérée dont les conséquences sociales et économiques graves touchent encore les femmes, en première ligne », a-t-elle dénoncé.
En chansons et au rythme des roulements de tambour, sous une marée de drapeaux violets et pancartes dénonçant le « sexisme patriarcal », les manifestantes ont dit leur « détermination » à continuer à lutter pour leurs droits et leur « ras-le-bol de ne pas être entendues ».
Après « les Polonaises qui ont osé tout arrêter pour le droit à l’avortement », les Argentines, les Espagnoles et les Suisses, « on arrête toutes lundi », a lancé Suzy Rojtman, du Collectif national pour les droits des femmes.
– « Nous sommes de plus en plus fortes » –
A Lyon, la préfecture a comptabilisé 3.000 manifestants dans un cortège parti de la place Bellecour avant d’y revenir. Dans un communiqué, le Collectif Droits des femmes du Rhône avait fait valoir que « la journée du 8 mars ne se +fête+ pas par un cadeau ou une distribution de fleurs », mais par la « lutte pour les droits des femmes ».
À Montpellier, où la mobilisation a rassemblé 1.200 personnes selon la préfecture, la tête du cortège était tenue par plusieurs associations féministes mais aussi par d’autres collectifs, notamment des femmes sans papiers.
« Le combat féministe devient intersectionnel », a affirmé Manon Sabatier, 27 ans, membre d’un collectif féministe. « Les oppressions que l’on peut vivre en tant que femmes concernent toutes les minorités. Femmes de couleur, femmes violentées, handicapées, immigrées… Même s’il y a encore beaucoup d’associations à rassembler, nous sommes de plus en plus fortes et de plus en plus nombreuses dans le combat contre les oppressions », a-t-elle estimé.
A Marseille, des représentantes d’associations féministes ont pris la parole pour interpeller les passants. Elles ont été rejointes par un cortège de femmes kurdes rassemblées derrière une banderole clamant « Les femmes changent le monde ».
« Aujourd’hui même si le sexisme est moins visible, on piétine les droits des femmes de manière plus hypocrite », a relevé Renée Clergue, 80 ans, en distribuant des tracts sur le Vieux-Port.
A Bastia, une marche pour les droits des femmes a rassemblé 150 personnes, selon la préfecture. La Corse a été marquée par le décès de Julie Douib, 34 ans, tuée le 3 mars 2019 à L’Île-Rousse par son-ex compagnon. Cet électrochoc dans l’opinion avait donné le départ d’une mobilisation inédite et poussé le gouvernement à organiser son « Grenelle contre les violences conjugales ».
A Toulouse, plusieurs centaines de personnes ont participé à un « village féministe ». Animant un atelier de « détournement de publicité sexiste », de jeunes militantes ont ajouté au feutre, sur une réclame de parfum montrant une femme: « Si tu pouvais fantasmer de me respecter… »
A Nice, la mobilisation avait été autorisée malgré le confinement de la ville durant le weekend. Derrière une banderole « Contre les violences sexistes et sexuelles », le cortège s’est élancé en début d’après-midi du centre-ville, sous le soleil, au chant de « Nous sommes fortes, nous sommes fières, des féministes radicales et en colère ».
« On sera féministe tant que ce sera nécessaire et aujourd’hui c’est plus que jamais nécessaire », explique Kim, 38 ans qui ne souhaite pas donner son nom.Tenant une pancarte « Tremble patriarcat », la trentenaire dit vouloir dénoncer « un système organisé qui tue » et évoque les femmes tuées sous les coups d’un homme.
« La charge mentale est portée presque toujours par les femmes »
« Nous nous battons pour qu’il y ait moins d’inégalités entre les hommes et les femmes dans le travail par exemple, mais aussi contre le harcèlement sexuel en milieu professionnel ou dans la vie de tous les jours », explique Alexia Dominey, 26 ans, coordinatrice du collectif « Nous Toutes » des Alpes-Maritimes.
Selon l’organisme européen des statistiques Eurostat, « les femmes sont payées, en moyenne, 14,1 % de moins que les hommes » dans l’UE (chiffre de 2018).
« La charge mentale est portée presque toujours par les femmes », pointe également la jeune femme.
A Strasbourg, la manifestation était organisée par plusieurs collectifs, notamment le Witch Bloc et Super Momes, qui avaient appelé à une marche « en mixité choisie », fermée aux « hommes cisgenres » (nés et se définissant comme hommes). Plusieurs hommes ont d’ailleurs été écartés par le service d’ordre féminin de la mobilisation. « On ne naît pas femme, mais on en meurt », « Plus de meufs, moins de keufs », ou « Le Patricarcat au feu, Darmanin au milieu », proclamaient les pancartes brandies par les manifestantes, qui scandaient « Un violeur à l’Intérieur, un complice à la Justice ».
« On est mobilisé aujourd’hui pour dire que les chiffres des violences faites aux femmes ne baissent pas, et que les pouvoirs publics ne font pas leur travail », avance Emilie, 31 ans, membre du collectif « Nous Toutes ». « Il y a à peu près 200 femmes victimes de viol tous les jours en France. Si on avait 200 boulangers victimes d’agressions tous les jours, les pouvoirs publics seraient en première ligne », estime-t-elle.
Une journée mondiale symbolique
Au sein du cortège, près d’un tiers des manifestantes étaient des militantes du Mouvement des femmes kurdes. Meryem Tekiner, leur porte-parole, a lancé un appel à « l’union des femmes du monde entier, pour la liberté et contre le fascisme ».
A Lille, la marche, organisée par le « Collectif 8 mars », regroupant des associations féministes, a réuni entre 800 et 900 manifestants, selon l’estimation de la préfecture. Parmi leurs revendications figuraient la « fin de l’impunité pour les violences sexistes et sexuelles, et l’inceste » et la « PMA pour tou.te.s ».
Le 8 mars est célébré depuis plus d’un siècle à travers le monde, journée symbole des luttes et revendications pour le droit des femmes, contre le sexisme et les inégalités face aux hommes.
A Orléans 100 personnes se sont retrouvées lors d’une kermesse pour, à l’aide de jeux (chamboule tout, roue de l’infortune, etc.) dénoncer les attaques subies par les femmes et la différence permanente faite et maintenue par le pouvoir et les patrons. Elles ont dénoncé le patriarcat et la capitalisme responsables de la situation !
À Tours, une manifestation pour les droits des femmes et personnes silenciées
dimanche, 7 mars 2021
Ce samedi 6 mars, plusieurs centaines de personnes ont manifesté dans les rues de Tours pour revendiquer les droits des femmes et des personnes silenciées.
Le 6 mars, une manifestation à Tours pour la défense des droits des femmes et des personnes silenciées. Photo Ana Rougier
Impulsée par plusieurs organisations* la manifestation a démarré place Jean-Jaurès vers 14 h 30. C’est une première pour Tatiana Cordier Royer, co-présidente du centre LGBTI Touraine : « Toutes les minorités sont les bienvenues, c’est la première vraie marche inclusive qui veut l’égalité pour tous et toutes. » Brassard violet accroché au bras, la militante repart donner des préservatifs féminins sous un soleil radieux.
Une fois la foule réunie, les membres des différentes organisations de la marche prennent la parole. Les revendications sont multiples : stopper le harcèlement de rue, condamner les auteurs de violences sexuelles et sexistes ou encore mettre fin à la criminalisation du travail sexuel.
Le 6 mars, une manifestation à Tours pour la défense des droits des femmes et des personnes silenciées. Photo Ana Rougier
Quelques mètres à côté de la fontaine, Félicie se tient fièrement sur son fauteuil et se réjouit de cette réunion à l’air libre « Je suis ici parce que j’ai été victime de sexisme par un éducateur. Même s’il y a une tendance à idéaliser la profession, on ne sait jamais sur quel professionnel on peut tomber. Pour moi, c’est important de militer, de parler des femmes en situation de handicap. » Cette marche, qui se veut inclusive, a justement délimité un parcours accessible pour les personnes à mobilité réduite.
« L’amour vous prend la main, il ne doit pas la lever sur vous » Sur les pancartes, de nombreux slogans se font la compétition. Le cortège se dirige tranquillement vers la rue Nationale et interpelle les badauds en ce samedi après-midi. Selon Marie-Pierre, il est essentiel d’être solidaire avec les femmes du monde entier « On est en 2021, et il y a toujours beaucoup de choses à faire pour faire accepter les droits des femmes racisées transgenres et cisgenres ». Le 8 mars se tiendra la journée internationale pour les droits des femmes, durant laquelle de nombreuses actions sont prévues. À Tours, on notera le pique-nique revendicatif dès midi.
Ana Rougier
*Nous Toutes 37, le Centre LBGTI Touraine, MeTours : demandez Angela, Stop Harcèlement, Action Féministes 37 et le Strass