Une salariée de Chronodrive, à Toulouse, a été mise à pied après avoir critiqué, sur les réseaux sociaux, le gaspillage alimentaire au sein de l’enseigne. La direction se défend.
La direction de la société justifie cette mise à pied en raison d’un message de la salariée publié sur les réseaux sociaux qui dénonçait le gaspillage alimentaire au sein de l’enseigne.
Alors que Chronodrive vantait ses vertus en matière d’écologie, sur les réseaux sociaux, cette salariée n’a pas pu s’en empêcher. Elle s’est fendue d’un tweet ironique à l’égard de l’enseigne, filiale d’Auchan.
Une mise à pied
« Je travaille à Chronodrive, je ne vous dis même pas combien d’aliments on nous force à jeter », a-t-elle écrit le 24 février 2021. Salariée sur le site de Basso Cambo, à Toulouse, elle fait l’objet d’une mise à pied depuis le 6 mars. La sanction définitive doit intervenir d’ici trente jours. Elle risque un licenciement pour faute grave ou lourde.
Face au gaspillage alimentaire
Contactée par Actu Toulouse, l’employée toulousaine est par ailleurs étudiante en première année à l’Université Jean-Jaurès. Ce tweet était pour elle l’occasion d’exprimer un malaise, celui de ne pas avoir d’autre choix que de jeter chaque jour des produits à la poubelle. « Nous sommes à 70 % des étudiants chez Chronodrive », souligne-t-elle. « Malgré le contexte de précarité étudiante, nous ne pouvons rien récupérer. Cela fait vraiment mal au cœur de devoir jeter des kilos de viande, de fruits et de légumes. On doit aussi jeter des bidons de lessives, simplement parce que le bouchon est percé ».
Un appel à la grève
La CGT Chronodrive est à l’origine d’un appel à la grève, samedi 27 mars 2021, pour soutenir la salariée de Basso-Cambo qui fait l’objet d’une mise à pied. Le syndicat demande à la direction l’abandon des sanctions qui visent l’employée. Un rassemblement de soutien est prévu samedi à 15 heures devant le magasin de Basso Cambo. Une pétition circule également sur change.org afin de soutenir la Toulousaine.
Un prétexte pour se séparer d’une salariée qui dérange !
Mais selon la Toulousaine de 19 ans, ce tweet n’est pas le véritable motif de la mise à pied dont elle fait l’objet. « D’ailleurs, la direction ne m’a pas demandé de le retirer », remarque-t-elle. L’enseigne profiterait de ce prétexte pour se séparer d’une employée un peu trop gênante. « C’est de la discrimination syndicale. Cette procédure intervient après de récentes luttes pour défendre des collègues victimes de sexisme et de harcèlement moral ».
Entrée dans l’entreprise juste après le premier confinement, l’employée s’est syndiquée à la CGT Chronodrive où une section syndicale venait tout juste d’être montée. « Nous avons fait bouger les choses, et cela n’a pas plu à l’entreprise qui voudrait pouvoir revenir un an en arrière, quand personne ne venait les déranger », conclut-elle.
Un entretien préalable en vue d’un licenciement
Sollicitée par Actu Toulouse, la direction confirme que cette salariée du site Chronodrive de Basso Combo a été reçue lundi dernier par l’entreprise en entretien préalable en vue d’un licenciement.
« Les faits qui lui sont reprochés sont notamment un dénigrement des actions RSE de Chronodrive sur les réseaux sociaux », explique la direction. « L’entreprise considère que cela porte atteinte à l’image commerciale et constitue une violation de l’obligation contractuelle de loyauté vis-à-vis de son employeur ». Tiens donc ne rien dire si la boite fait de mauvaises choses ! Ta gueule et bosse !
Bien sûr la direction dément !
Par ailleurs, l’entreprise dément catégoriquement l’affirmation selon laquelle cette procédure interviendrait « pour des raisons syndicales » et à la suite de l’engagement récent de cette salariée « pour défendre des collègues victimes de sexisme et de harcèlement moral ».
La société Chronodrive tient à « réaffirmer que sur l’ensemble de ses sites, elle est extrêmement soucieuse de garantir des conditions de travail optimales à ses salariés ainsi que l’égalité entre les femmes et les hommes ». Et d’ajouter qu’elle « entretient des rapports réguliers avec les représentants du personnel afin de traiter de tous les sujets de relations sociales existants ».
A noter donc que la grève sera suivie dans plusieurs villes, donc on peut montrer notre soutien à ces endroits également (si le temps et l’énergie bien entendu).
Caisse de grève : https://www.cotizup.com/caisse-de-greve-chronodrive
Pétition : change.org/Rozenn«