Olivier Laureau, président du groupe Servier, entouré de ses vice-présidents chargés de la recherche et des finances, a tenu sa conférence de presse annuelle, en visio, mardi 18 janvier.
Le laboratoire, créé en 1954 à Orléans par Jacques Servier, alors pharmacien, ne manque ni de projets ni d’ambition. Présent dans 150 pays, le groupe compte 21.500 salariés dans le monde, dont 4.700 en France et environ 800 à Gidy, dans le Loiret, son site de production le plus important.
Son chiffre d’affaires 2021 atteint 4,725 milliards d’euros, en augmentation de 4,3% à taux constant (et +0,8% à taux réels), dont 3,3 milliards pour les médicaments princeps (brevetés) et 1,4 milliard pour les génériques.
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Développement dans l’oncologie
La croissance s’appuie notamment sur un fort développement dans les traitements du cancer. L’oncologie représente la moitié du budget recherche et développement et 10% du chiffre d’affaires. Le médicament Tibsovo présenterait ainsi des résultats « extrêmement positifs » contre la leucémie. Le Dr Claude Bertrand, vice-président R&D, a également cité des traitements prometteurs contre le cancer du cerveau et le syndrôme Sjödren qui engendre sécheresse oculaire et buccale. Trente-six projets de recherche sont à l’étude, en oncologie, neurosciences et immuno-inflammation.
L’oncologie s’ajoute à la forte activité du groupe dans le cardiovasculaire, le métabolisme et les maladies veineuses. Son médicament le plus vendu, le Daflon, est un veinotonique. Les génériques Biogaran sont, d’autre part, leaders en France. Les activités de recherche en cardiologie ont toutefois été arrêtées.
Une activité internationale, un ancrage français
Les ventes ont augmenté dunee 31,4% aux États-Unis, où Servier a acquis, en avril, la branche oncologie d’Agios pharmaceuticals et où un centre de R&D doit être inauguré au printemps, à Boston. Le chiffre d’affaires a également bondi de 87,5% au Japon. Il est, en revanche, en retrait en Chine en raison de réformes gouvernementales.
Le groupe produit 660 millions de boîtes de médicaments princeps par an. Neuf boîtes sur dix sont vendues hors Europe. Seuls 4 % de ses médicaments sont vendus en France, mais le groupe maintient sa présence dans son pays natal, avec 22% de ses effectifs, 35% de sa production et 98% de ses principes actifs (produits en Normandie). L’Union européenne représente 49% du marché, suivi par l’Asie-Océanie (20%), les Amériques (13%), l’Afrique et Moyen-Orient (6%), l’Europe hors Union 12%.
Énormes investissements à Saclay… et Gidy
Servier investit 377 millions d’euros dans un immense institut de recherche à Saclay (Essonne), à 95 kilomètres d’Orléans. S’y regrouperont, au printemps 2023, les chercheurs français, dont une partie des 300 du Loiret (où dix postes auraient été supprimés à la suite d’une rupture conventionnelle collective). Ce centre, « au cœur de l’organisation mondiale de la R&D du groupe », de 45.000 mètres carrés, sous forme d’anneau, sera réceptionné en septembre ou octobre prochain. Il pourra accueillir 1.500 salariés. Il comprend un incubateur de start-up de 1.850 mètres carrés, pour 110 personnes.
Les investissements concernent également le Loiret, pour 70 millions d’euros, grâce au centre Bio-S construit sur le site de Gidy. Ce centre sera consacré aux biomédicaments. La production de petits lots d’anticorps monoclonaux a commencé. Mais les premiers lots cliniques sont attendus « dans les prochaines années ». La livraison de l’ensemble est programmée pour 2023.
Le groupe se projette déjà en 2025, prévoyant de sortir une entité moléculaire tous les trois ans et un chiffre d’affaires de 6,5 milliards d’euros, dont 1 milliard en oncologie
Un résultat négatif suite à l’affaire du Médiator
Le président Olivier Laureau a évoqué les faits marquants des derniers mois. À commencer par le jugement du 29 mars dernier, pour l’affaire du Médiator. « Nous étions disposés à accepter le jugement, pour y mettre un terme définitif, même si nous estimons que les condamnations étaient infondées. Mais le parquet a fait appel. » Servier a donc également fait appel. La date du nouveau procès n’a pas encore été déterminée.
Les indemnisations prononcées dans le cadre du jugement du 29 mars ont conduit à une charge exceptionnelle qui entraîne un résultat net du groupe négatif (-25 millions d’euros).